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Jefmetsluiunebaffe

24 novembre 2020

Une jeune fille cousue de fil blanc...

 

 

 

Ce soir, je vais délaisser le récit de mes aventures «louvresques», bien que j'ai un doute sur le nombre de personnes qui arrivent à me lire. Je me demande parfois si ce blog n'est pas plutôt un journal intime, destiné par quelque facétie informatique, à le rester. Intime je veux dire...

 

Ce soir, j'ai le cœur gros, à cause des nymphéas. Pourquoi, et comment de si jolies choses me donnent-elles le vague à l’âme, et il faut bien le dire, la larme, le chagrin, à fleur de cils et à ras le cœur? Pour une chose toute bête. Une vieille carte postale, représentant une des toiles de Monet,certainement une de celles exposées à l'Orangerie.

 

 

 

Elle date, même s'il n'y a pas plus d'information, de l'année où ma sœur est partie en Angleterre, pour donner des cours de français. Ou peut-être est-elle plus ancienne. Elle daterait dans ce cas-là, de l'année où elle a passé six mois dans une école internationale, à Bornemouth, juste avant de commencer ses études de langues. Toujours est-il, que dans cette petite carte, que je lui destinais, et qui n'a visiblement jamais atteint sa destination, je parlais de son retour, et aussi d'un bureau que je lui avais préparé.

 

Et je finissais ce petit mot anodin par cette phrase, anodine elle aussi, mais tellement sincère, parce que venant d'une sœur aînée aimante, admirative, pleine d'espoir pour ces années prochaines,merveilleuses, qu'elle souhaitait à sa cadette.

 

«pour la plus jolie blonde qui ait jamais existée sur terre»

 

 

 

Elle était tout ce que je n’étais pas, tout ce que je ne fut jamais, au temps de mon adolescence, et bien plus tard encore. Si j'en parle au passé, c'est que cette merveilleuse jeune femme, ne dura, dans tout son éclat, libre et solaire, que le temps que durent les demoiselles, les libellules des étangs campagnards. Elle fut remplacée très vite, à une vitesse vertigineuse par une ombre, qui prenait une place folle, pourtant, au fur et à mesure qu'elle tentait vainement de disparaître aux yeux du monde, et à ses yeux d'abord.

 

 

 

Ce soir, je me suis effondrée et j'ai pleuré, en pensant à toutes ces années de souffrance, me demandant ce que j'aurais fait si, par une prescience quelconque, j'avais su dans quelle vie de misère et de douleur physique et morale,elle allait se précipiter comme on plonge dans un puit...

 

 

 

Aurais-je décidé, folle de rage et de douleur de faire justice, moi-même, en tuant mes géniteurs, coupables de tant de choses, coupable d'avoir fait, coupable d'avoir laisser faire, d'avoir refusé de voir, ou pire, d'avoir décidé de laisser faire...?

 

C'était déjà trop tard, c'eut été inutile, le mal était fait. J’aurais certainement remué ciel et terre pour lui faire consulter les médecins, si rares à l'époque, qui s'occupaient de cette maladie, qui était à peine considérée comme une maladie. Elle aurait peut-être rencontré parmi ses compagnes d'infortune, Delphine de Vigan, dont je sais qu'elle et ma sœur ont eu le même médecin, mais l'une s'en est sortie, pas l'autre. Ou peut-être tout simplement aurait-elle rejoint la cohorte de celles qui se suicident, parce que c'est trop dur, et que lorsque le déni de la maladie n’est plus là pour vous porter, pour vous soutenir, on s'effondre.

 

 

 

C'est peut-être ça, le secret de sa longévité. Elle a nié si longtemps être malade, ils furent si rares ceux qui pensaient que ce n'était pas un caprice, une lubie, un autre de ses multiples aspects fiers et de ses façons bravaches de dire qu'elle les emmerdait tous, c'est peut-être ça, qui l'a sauvé. Mais de quoi a-t-elle été sauvée? De la paix, d'un sommeil sans cauchemar, de la certitude de devenir peu à peu, un souvenir, douloureux, puis nostalgique, puis comme une photo qui s'estompe, un souvenir lointain, peut-être moins douloureux, plus doux, plus estompé, comme un rêve, que l'on voudrait bien rattraper ou retenir, mais qui n'a pas vocation à être autre chose qu'une belle fumée, qui s'en va avec le jour.

 

De tout cela elle n'a pas été sauvée, et elle a vécu, dans une prison, que même les pires systèmes dictatoriaux du monde actuel, ne peuvent imaginer.

 

 

 

Elle a été emmurée, vivante, avec ses peurs, ses douleurs, ses angoisses, et pire que tout, cette solitude, qui est celle qui accompagne tous ceux et celles qui, comme elles, se débattent comme des mouches prises au piège d'un verre retourné. Voyant le monde extérieur, de plus en plus flou et déformé au fur et à mesure de la perte de leurs forces, de leur lucidité, de leur espoir de s'en sortir un jour.

 

Et moi aussi, je perds espoir, je perds parfois le sens des réalité pour elle, et je perds même son histoire. Depuis quelques mois, ou quelques années, je ne sais plus, je tente de coucher par écrit, les circonstances, les débuts, le commencement de tout ceci. Pour remettre de l'ordre, pour laisser un témoignage, une trace...

 

J'ai écrit déjà pas mal de pages, sur des cahiers, sur des feuilles éparses, et l'ironie veut qu'à chaque fois que je tombe dessus, je me dise: «ah, il faut que range ce texte pour le taper, pour le mettre au propre...»

 

Et à chaque fois, je le range, je ne sais où. Et, là, je ne le retrouve plus...

 

Je ne me souviens que de la première phrase. Ça commence comme ça:

 

                    • Un Mars.

                    • Un Mars, grignoté, et soigneusement ré-emballé et rangé dans la porte intérieure du réfrigérateur familial..

 

 

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19 novembre 2020

Typologie des différents collègues (suite...mais pas fin)

 

 

Chapitre quatre: Typologie du collègue (suite).

 

Il y a le collègue «Je sais tout, j'ai tout lu, vu, connu, fait», qui a voyagé aux quatre coins du monde, qui a un avis sur tout, et comme dirait l'autre, qui a surtout un avis....( pas toujours autorisé).

Celui-là, peut être appréhendé de deux façons. Soit d'un point de vue sociologique, voire ethnologique. Soit par le biais, bien connu au musée, et appelé communément le «Oh non, pas lui»

 

Je dis, lui, parce que ce genre de personnage haut en couleur ,se rencontre plus souvent chez les hommes, allez savoir pourquoi....

La première approche, donc, nous donne envie de sortir un carnet, un stylo, ou de mettre son smartphone sur «enregistrement», et éventuellement de nous inscrire en fac, pour prouver que Lévi-Strauss n'a pas tout découvert en terme d'ethnographie, et que c'était pas la peine d'aller au fin fond de L' Amazonie, alors que de si beaux spécimens étaient à portée de main en plein Paris...

Et vous pouvez ainsi, dès que votre binôme de la journée commence sa logorrhée, jeter les bases de votre thèse sur: « le peuplement du Louvre:Structure et genèse »

 

La seconde solution, est de vous suicider, en abusant de la sauce anglaise de la cantine, ou du poisson au curry, ou même des deux, pour être sur de couper court au lavage d'estomac, et de vous retrouver immédiatement chez le médecin légiste.

 

Le collègue « J'ai tout vu» peut être sympathique, on se dit qu'il est dans son petit monde, et puis il peut être drôle. Pas intentionnellement, non, mais drôle, oui. Car, il faut bien le dire, avoir fait l’École du Louvre, Les Chartes, une thèse en fac, tout en ayant cultivé un certain entregent avec la police ( d'où la fausse carte de commissaire de police), l'armée ( d'où la vision d'horreur lorsque vous l'apercevez, en uniforme, à un colloque d'acheteurs d'armes en gros, dans un salon pas loin du musée), la Légion étrangère ( il a profité d'un trou dans son emploi du temps, pour sauter avec son unité sur Kolwezi ) le milieu des commissaires-priseurs, et des conservateurs de musées ( bon on est d'accord, on commence à rentrer dans le domaine de la mythomanie ), j'en oublie et des meilleures, tout cela fait pleurer de rire à peu près tous ceux qui ont vent des différentes, et nombreuses cordes à l'arc, surchargé de ce type de collègue.....sauf le directeur de musée, lorsque arrive sur son bureau, apporté par une main charitable, un exemplaire du catalogue des Trésors royaux du Grand-duché du Luxembourg, écrit par le collègue «j'ai tout vu», bombardé par la grâce de son bon plaisir et de sa névrose....conservateur aux Objets d'art...là, tout de suite, ça pique un peu. Mais rien qui le fasse réellement dévier de sa route.

 

Il ne faut pas oublier que le récit picaresque des tribulations du collègue «Je sais tout» pointe le manque de connaissances mathématiques de base, puisque de toute évidence, ce collègue auprès duquel même Einstein donnerait l'impression d'avoir recopié la théorie de la relativité sur un emballage de Carambar, ,n'a pas fait l'effort de calculer, que pour avoir réellement fait tout ce qu'il affirme avoir fait, réalisé, vu, etc....il faudrait qu'il ait environ 145 ans. Et encore, en commençant très tôt.

Mais je dois avouer que, le premier moment de stupeur passé, les conversations avec lui, ne manquent pas de piquant :

« Et donc, tu a sauté sur Kolwezi, avant ou après avoir passé le concours des Chartes ?

« Arrête moi, si je me trompe, tu es aussi expert pour la Brigade de répression du vol d’œuvres d'art, ou simplement commissaire-priseur?»

« Mais alors, ton livre sur les trésors architecturaux du Bade-Wurtemberg, tu l'as dédicacé à la Grande-duchesse, avant d'avoir réussi le concours de conservateur du Patrimoine?»

And so on...

Il faut noter toutefois, qu'en dépit d'une implication certaine dans la bonne marche de quelques vieilles monarchies et principautés européennes, et de son intimité avec les grands de ce monde, ainsi que les titres universitaires? et fonctions officieuses au sein des structures les plus prestigieuses, le collègue «J'ai tout vu» est toujours....agent de surveillance.

En annexe à ce type de collègue, on pourra évoquer aussi, le collègue « J'ai un Corot et deux Velázquez chez moi, et personne ne veut le reconnaître »

Celui-là est particulièrement réjouissant, et fatiguant au bout d'un moment il faut bien le reconnaître. Réjouissant, parce que sonder les profondeurs de l’âme, de la bêtise et de la naïveté humaine est toujours riche d'enseignements de toute sorte, et fatiguant aussi, parce qu’avec celui-là, c'est à peu près toujours le même discours qui tourne en boucle...

Moi «Mais tu l'as montré à un antiquaire, ton Velázquez?»

Lui «Oui, et il a rigolé, en me disant que c'était un faux»

Moi «Et donc, il a voulu te l'acheter un prix dérisoire?»

Lui « Mais, non, pas du tout, il m'a dit que c'était de la camelote, et m'a conseillé de le garder, pour la valeur sentimentale, ou d'aller aux Puces»

Moi « Mais dans ce cas-là, il n'a pas voulu t'escroquer, en achetant à vil prix quelque chose qu'il a reconnu comme ayant une immense valeur,il a été honnête, ou ce n'est pas un Velázquez»

Lui «Non, il était jaloux»

Une fois récupérée votre mâchoire, tombée de découragement sur vos genoux, devant tant de connerie et d'aveuglement, vous tentez de comprendre pourquoi un antiquaire, censé récolter un maximum de trésors pour faire monter la cote de sa boutique, s'oublierait au point de louper une vente pareille, en renvoyant en ricanant le propriétaire d'un authentique Vélasquez ou Corot....au risque de voir un concurrent rafler la mise!

Mais non, inutile, le collègue «J'ai un Corot dans mon salon, ou un Vélasquez dans ma chambre» est hermétique à toute logique. Il a un trésor, et personne n'en veut parce que ce sont tous des jaloux, tous, les antiquaires, les experts, les conservateurs de musée...

18 novembre 2020

Mon job en vrai.... Au musée, il y a trois

 

Mon job en vrai....

 

Au musée, il y a trois grandes catégories de personnel de surveillance.

Ceux qui, à un moment donné de leur vie, ont été contraints de trouver fissa, un job, et vite. Des veuves avec enfants, c'était ça, ou habiller des morts à l'Institut médico-légal....les chômeurs, les abîmés de la vie, des malades aussi, ou des handicapés, mentaux, la plupart du temps, ou physiques, sans formation particulière, ni diplômes, il fallait trouver un boulot, alors ça ou autre chose, hein...un job est un job, point. Ceux-là, font leur carrière, plus ou moins haut, sans trop de questions existentielles, chacun sa place, et les poules seront bien gardées.

 

Il y a les dynastiques. Qui souvent sont de la deuxième génération, issus des premiers. Et qui mettent les pas dans ceux de leurs parents, Les militaires, c'était avant, les Corses, espèce en voie de disparition au musée, ils ont été remplacés par les Antillais, et aussi dans une moindre mesure, les indiens, francophones ou non, les asiatiques, les africains, les sud-américains...le monde entier a pris ses quartiers au Louvre. Les enfants succèdent aux parents, les nièces aux tantes, des fratries entières s’égaient dans les salles, les couloirs...certes, tout ceci peut avoir du charme, ce grand coté familial, chaleureux, fraternel...n'est-on pas une grande famille après tout?

 

Le coté chiant, on va dire, c'est quand au détour d'une conversation, à la cantine,tu apprends que la peau de vache que tu débines avec ardeur depuis un quard' heure ou deux ans et demi, c'est selon, se trouve être la cousine par alliance de l'oncle du demi-frère de ton interlocuteur. Ou sa mère....gloups!

Eux non plus ne semblent pas en proie aux affres des regrets, en ce qui concerne la vie qu'ils auraient pu avoir si....Ils font leur petit bonhomme de chemin, et restent là, bien sagement toute leur carrière, où on les a posés, parce qu'ils y sont bien. Et si par hasard, ils veulent plus, plus haut ou ailleurs, dans la même branche la plupart du temps, ils passent un concours, ou tentent leur chance dans un autre musée, voire, une autre région. Pas d'état d’âme, de l'action, toujours de l'action, marche avant droite !

 

Et puis, il y a les Égarés....moi, par exemple, mais je ne suis pas la seule, loin de là.

A un moment donné, ils se sont retrouvés en costume polyester bleu marine moche, en uniforme donc. Ça sert aux visiteurs pour repérer les gens qui sont obligés d’être dans les salles qu'ils traversent, et auxquels ils peuvent éventuellement mal parler, ou regarder d'un air dégoûté, ou pire, sur lesquels trébucher sans les voir, et dire pardon à la chaise.

Bref, ces égarés, se sont retrouvés là, à la suite d'une erreur, d'un grain de poussière dans une mécanique fragile, d'un doute existentiel, d'un nervous breakdown comme ils disent dans «Les Tontons flingueurs»

Personnellement, pour mon premier jour en tant que «agent d’accueil, de surveillance et de magasinage» , j'ai été catapultée dans les salles du département de l’Égypte ancienne, dans lesquels je venais de passer environ huit ans, mais au sein d'une école, sise dans ce musée, le monde est petit. Une sorte d'entropie, de couloir espace/temps, d’expérience schizophrénique en live.

«voyons voir, je récapitule, il y a encore quelques mois, j'étais dans les mêmes salles, mais j'expliquais les conceptions funéraires des anciens égyptiens à des élèves de 1ere année, et à des sixièmes, et là, je suis toujours devant la même vitrine, mais j'indique les toilettes, jusqu'à ce que mon supérieur hiérarchique, qui a une tête à se demander où est sa main droite quand elle est dans sa poche, me dise d'un ton peu amène: «t'es du 1er, mais comme machin est en demi, pour l'après-midi, t'es du deux»...

Et là, un doute m'assaille. Suis-je en train de rêver, enfin cauchemarder plutôt? Je me tâte...tout à l'air réel, même la chemisette en pur Tergal couleur blouse d’hôpital des anciennes républiques soviétiques. Donc, si je ne rêve pas, que suis-je venue faire dans cette galère?

Visiblement la même chose que ma collègue, dans la salle à coté.

 

Et c'est là que les choses se gâtent, et qu'une vérité se fait jour, vérité qui peut prendre la forme d'un adage, qui ,ne se démentira pas tout au long de ces années:

«Du degré de normalité de ton collègue le plus proche géographiquement parlant, dépendra la qualité de ta journée, et l'état de ta santé mentale à la fin de celle-ci»

Elle pourra ne durer qu'une petite heure, si tu tombes sur quelqu'un d'intelligent, de drôle, de sympathique.

Elle pourra durer environ un an, avec des prolongations, si tu passes la journée, en binôme avec une malheureuse persuadée que les gens sortent des tableaux pour l’étrangler ( vécu et véridique..et éprouvant).

Tu peux, toi aussi, un jour, finir par devenir cette pauvre chose, persuadée d’être victime d'un complot ourdi par la Joconde, la momie (époque ptolémaïque, IIIéme-IIéme siècle avant JC) et les Esclaves de Michel-Ange pour t'envoyer rejoindre tes ancêtres.

 

Si l'on devait faire une typologie des collègues, elle serait difficile à borner, cadrer, en tous cas plus que les fibules mérovingiennes, je vous dis que ça. Car il y a de tout, et le crétin fini de l'un, peut s'avérer l'ami de toujours de l'autre, qui sera pourtant un collègue semblant correct, les attirances et répulsions étant souvent basées sur les mêmes critères, curieusement...

Untel sera définitivement considéré comme un salopiaud fini, après qu'il a eu l'idée lumineuse et drolissime, de mettre du détergent dans l'aquarium de son chef ( RIP les poissons tropicaux amoureusement choyés par un chef maniaco-dépressif que ça n'a pas du arranger)

Ce même crétin sera vu par ses copains, comme un type hypra cool, trop bien quoi. Bon on peut penser que qui se ressemble s'assemble, rien de très nouveau, en somme.

Mais quand c'est quelqu'un que vous estimez, qui est humain et sympathique, intelligent, et qui, oh horreur, tient en grande estime une personne qui vous semble à l'opposé de toutes ses belles qualités humaines, là, c'est beaucoup plus déstabilisant. En gros le salaud de l'un peut être le bon pote de l'autre,mais ça n'est pas inhérent au milieu muséal, et encore moins à celui de la surveillance.

 

Non, voyez-vous, le problème, c'est que toute la sainte journée, les agents la passent, sauf exception, à attendre qu'il se passe quelque chose.Tout. Un vol, un incendie, une attaque terroriste, une cannette de coca lancée sur une œuvre, une algarade entre un touriste et un collègue, une météorite, la fin du monde, l'heure de la cantine, tout, et n'importe quoi, tellement on se fait chier, dans les grandes largeurs, et aussi en hauteur....surtout en cas de poste dans les grandes et hautes salles du palais de Darius...

Attente la plupart du temps, déçue, il faut bien le dire.

Alors, il faut bien tuer le temps. En compagnie de collègues, que l'on a aussi parfois envie de tuer.

Il y a plusieurs types de collègues, donc.

Le collègue «revue de presse». Dans le meilleur des cas, ce sera plutôt « le Monde diplomatique», le «Courrier international», Télérama, voire, «Le journal de Mickey», ce sont les plus pointus.

Dans les cas les plus répandus, ce sera plutôt Voici, Le Parisien ou Télé-poche.

Enfin pour les malchanceux, ils auront le privilège de passer la journée avec un.e lecteur.rice assidu.e de Détective, Ici Paris, voire National-Hebdo....

Ainsi la conversation, ou plutôt parfois le monologue, roulera sur, au choix, l'émergence de nouvelles formes d'art post- constructivistes au Monténégro, ou sur l'ignoble meurtre de deux couples de nonagénaires échangistes dans un club interlope du centre de Guéret ( chef-lieu de la Creuse).

La presse télévisuelle ne nous étant pas épargnée, il va sans dire bien sur, que selon les orientations idéologiques de notre interlocuteur, vous aurez droit à un rapide «digest» sur la vie des derniers barrateurs de beurre salé à l’ancienne dans la région de Qimperlé, un compte-rendu sur la montée du chômage ou sur la baisse de la fertilité, ou un reportage sur les derniers représentants de l'ethnie Hmong.

Bref, avec le collègue «Breaking news» vous aurez l'info en continue, un peu comme avec BFMTV, entrecoupée seulement par les pauses cantines, un peu comme les coupures pubs, sauf que lorsque vous mettez la télé, vous n’êtes pas obligé de partager le steak frites avec les animateurs....ou alors c'est parce que vous l'avez bien voulu...

L’intérêt de ce genre de journée, est qu'en rentrant chez vous, gavé d'info en continu, vous pouvez en toute bonne conscience vous mettre à des choses vraiment importantes ,comme traduire la Bible en Slang, vous occuper de vos fleurs, faire du yoga, vous vernir les ongles des pieds, ou vous initier à la cérémonie du thé, sans avoir l'impression de vous couper du monde, puisque le lendemain, si vous retombez sur un collègue connecté 24/24 à l'info, vous aurez le sentiment de ne rien avoir raté d'important . A part votre vie, mais ça, c'est un autre problème...

14 novembre 2020

Ma vie au musée, chapitre deux: Mon job en rève...

 

Je me lève aussi, de ma chaise, et je marche, afin de laisser cette dernière refroidir, au cas où la milice des encadrants subalternes qui passe quatre par quatre, armée de talkies jusqu'aux dents, ne vienne traîner ses guêtres, pour vérifier, au toucher, que la chaise est froide, preuve s'il en est que l'agent en question, moi, au hasard, est bien dressé sur ses deux pieds, et patrouille dans la salle, et non pas avachie sur la chaise, attendant un miracle, ou l'heure de la pause....

Je suis...je suis....OUI!!!!gagné, je suis gardienne de musée. Enfin, non, je suis «Agent d’accueil, de surveillance et de magasinage...bon pour le magasinage, j'ai pas encore vu, mais l’accueil et la surveillance, c'est bon.

J'assure donc l’accueil des visiteurs, les renseigne en souriant, si possible dans leur langue, en tout cas en anglais, voire, la plupart du temps dans un savant mélange de français des plus simple, d'anglais plus ou moins basique, des quelques mots dans leur langue, que je peux éventuellement connaître, et du langage le plus universel: celui des mains.....si si, ça marche. Je glisse vite fait une rapide bio de l'artiste recherché, ainsi qu'une courte notice sur l’œuvre, en la replaçant dans le contexte historico-politico-artistico-sociologique du temps, place un renseignement sur l'histoire des lieux de conservation ( le musée donc), la création des collections, l'emplacement des toilettes, les horaires des différentes cafétérias, les dernières news sur l'ouverture prochaine de telle ou telle exposition, les travaux dans les salles, et le déménagement du contenu des dites salles à l'autre bout du musée.

 

Ça donne toujours des dialogue savoureux ou surréalistes...

          • Ah non, désolée, Mona Lisa shimata ( fermée, pour les non-nippophones). Vous avez fait 20 000 km et 12h d'avion pour la voir? Et cet après-midi vous faites Orsay et Versailles? Sorry, men at work, ils sont en train de vérifier qu'elle se craquelle bien tout partout, donc la salle est fermée. Il vous reste les cartes postales, les posters, les DVD, bientôt la 3D....ou la possibilité de refaire dans 15 jours les 12000 km pour retenter de la voir, en chair et en croûtes, et puis ça vous laissera la possibilité de faire les châteaux de la Loire, et la Tour Eiffel..l'après-midi...

          • Bonjouuur, oh désolato, mais non, La Cène de Vinci n'est pas ici...et vous venez de?..? Milan! Ben c'est cocasse, mais retournez chez vous parce qu'elle y est. Oui, plus précisément au monastère de Santa Maria delle Grazie, à Milan, oui, c'est ça, chez vous quoi. Depuis combien de temps? Attendez, je ne voudrais pas vous dire de bêtises, mais je crois que c'est depuis que Vinci a décoré le mur du réfectoire, avec cette fresque, donc je dirais, 1495.....environ. Non, elle n'a pas bougé, oui c'est normal, c'est un mur peint en fait, voilà c'est ça, faudrait emporter le mur, même Napoléon n'a pas osé...

 

Voila mon job: je vais , je viens, je virevolte en souriant, j'explique, je dirige, remets les visiteurs dans le droit chemin, en cas d'égarement, les pauvres, c'est quand même très grand. J'en échange de bien bonnes avec les collègues, serre la louche à mes chefs, débonnaires et bienveillants, et cornaque, la larme à l’œil les petits nouveaux, les jobs d'été, et fait, hop hop hop, à la fermeture, aux touristes attardés, les œuvres, elles vont faire dodo, et nous aussi....Stooop!!!

Bon, vous l’aurez deviné, je travaille à la surveillance rapprochée des œuvres et de ceux qui les regardent, dans l'un des plus beaux musées du monde.

Un grand musée parisien.

Avec une pyramide en verre devant. Juste devant, vous pouvez pas la rater, elle a fait assez scandale comme ça, et puis elle est, comment dire, assez visible.

Pour des raisons de confidentialité évidentes, je ne donnerai pas de noms, afin de respecter l'anonymat de tous....et aussi parce que tout n'est pas rose, même si la fleur emblématique du président qui a donné le top départ des travaux d'embellissements et d'agrandissements, était justement la rose, mais, je n'en dirais pas plus...

Car il faut bien que je vous avoue une chose. J'ai les miquettes, les foies, la trouille, que je bosse dans un endroit où les plus aguerris des piranhas ne mettraient pas une nageoire. On peut y laisser en plus des plus belles années de sa vie, sa santé, mentale et parfois physique, et le plus souvent ses illusions sur la nature humaine. Pire, si l'on avait au départ, une estime de soi, ne serait-ce que normale au début, en entrant, au fil des années, elle se change pour certains d'entre nous, en une certitude: celle d’être une merde surnageant sur un océan de pus...

Ça débute bien? Eh ben, vous n'allez pas être déçus. Game of Thrones, à coté, c'est Martine fait un pique-nique avec des copines.....

11 novembre 2020

Une vie au musée....Premier chapitre: Introduction au concept d'invisibilité.

 

 

 

La femme s’avançait d'un pas hésitant, le nez en l'air,semblant chercher sur les œuvres du XVIIéme flamand, la réponse à un questionnement intérieur intense, si l'on en croyait la torsion mérouesque de ses lèvres gonflées à l'hélium et surglossées de rose barbie. Le reste du visage ayant sans doute été la proie d'une seringue dotée d'une vie propre, ou d'un chirurgien atteint d'un Parkinson avancé, la possibilité pour sa propriétaire d'exprimer autre chose qu'un sentiment d'hébétude blasée, était quasi inenvisageable. Du moins pour les vingts prochaines années, après, tout s'effondrerait, et il y aurait peut-être une chance pour que, à l'instar d'un champs de fouilles, la ruine se mette à parler.

Elle paraissait chercher quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Son regard fit le tour de la salle, et stoppa net. Son nez, refait tant de fois qu'elle devait se moucher avec une paille, se plissa comme si elle venait de comprendre que l'odeur de merde persistante dans la zone, venait d'une crotte de chien empalée sur un talon de ses Louboutins...et puis en fait non, les godasses étaient intactes de toute déjection canine. Cette signature olfactive, comme on dit dans les boutiques de luxe et les palaces, semblait émaner d'une créature, recroquevillée sur sa chaise, en train de prier Ste Rita pour cesser d'exister, là, maintenant, tout de suite, et de trouver rapidos un vortex, celui-ci dut-il la transporter à l'ère Mezozoique, où c'est sur, y aurait pas grand chose à bouffer à la cantine. La créature en question, moi, donc, espérait un miracle. Qui ne vint pas, bien sur...

C'était pas que j’avais pas envie de renseigner Miss «J'ai investi une partie de mon PEL dans ma bouche et l'autre dans mes seins», mais, je sentais qu'elle n'allait pas me poser une question hyper intéressante, du style «faut-il voir de préférence d'abord les Caravages, et ensuite, les œuvres caravagesques, ou ne serait-il pas disruptif, et novateur de faire le contraire?». Heureusement mon moment d'égarement, et de lucidité, fut submergé par mon sens du devoir et du service public, et je me levait d'un bon, l'air affable et tendu vers la satisfaction de la visiteuse.

Cette dernière jugeant superflues les salutations d'usage, coutumières entre deux égaux, fit un effort démesuré pour m'approcher ( toujours cette odeur de bouse, sans doute, émanant du petit personnel..) et me fourra un plan en géorgien sous le nez, écrasant ,sous un index orné d'un faux ongle carré, jaune canari hépatique d'au moins 8cm2, un point du musée qui, si j'en jugeait ma connaissance approfondie des lieux, se situait deux niveaux plus bas, dans un autre département, et pour tout dire, dans l'aile du musée opposée à celle où nous étions...c'était ballot .

Comment lui faire comprendre que:1) Un minimum de civilités, dites d'un ton aimable, était la plus élémentaire des politesses. Oui même dans une langue étrangère, l'intention s'entend...

:2) Nous étions dans la partie du musée la plus géographiquement éloignée de ce qu'elle voulait voir. Comment avait-elle réussi à se paumer à ce point là ? Certes, à vol d'oiseau, au hasard le Moai de l’île de Pâques, était à deux minutes environ. Mais en dépit du ton jaunâtre bilieux de ses ongles, elle n'avait pas l'air d'un oiseau. Et certainement pas d'un aigle. Elle devrait pour atteindre l'objet tant convoité, se retaper des kilomètres de couloirs, d'escalators, des ascenseurs en pagaille, croiser une foule hagarde, en sueur, piétinante, des flashs aveuglants, les groupes nippons, avec leur guide brandissant un parapluie, tel un samouraï, katana au clair, guidant ses soldats vers le Radeau de la Méduse, juste après la Joconde, pour pouvoir enfin croiser le regard du Moai, que je la soupçonnait, perfidement ,de vouloir voir,uniquement pour vérifier s'il mâchait bien du chewing-gum, comme dans «Une nuit au musée»

:3) Et surtout, que mettre du jaune sur les ongles, avec du rose barbie sur ses babines, ça, ça ne passait pas. Stylistiquement ç’aurait pu être un «fashion statement» hyper original et tellement personnel comme les hublots d'Iris Apfel, ou le carré strict d' Anna Wintour. Mais las....la jungle amazonienne dans son intégralité s’était donnée rendez-vous pour un meeting sur ses fringues, et les imprimés léopard, python, se mélangeaient aux tigres égarés là, aux cacatoès géants perdus dans des feuilles de bananiers sur le polyester de son jegging. La fille naturelle et cachée (on les comprend) de Carmen Miranda, et John Galliano, avec Donatella Versace en guise de marraine et Cathy Guetta en baby-sitter...

Il était 9h30 du matin, et c'était ma première patiente, enfin touriste de la journée. Si les histoires de karma correspondaient un tant soit peu à quelque chose de réel, dans une vie antérieure, j'avais du être Gengis Khan, ou Torquemada, Hitler, Gilles de Rais, ou même Pascal Sevran. Parce que franchement, ma vie actuelle prouvait que je n'avais échappée que d'un cheveu à la réincarnation en chiure de mouche. Et encore je me pose des questions, la chiure de mouche a, par définition une utilité, une fonction noble. Débarrasser la dite mouche du trop-plein intestinal, donc ça la soulage, et de plus , ça peut nourrir certainement d’autres bestioles. Donc, j'aurais servi à faire le bien, doublement, et donc bon karma. Exit l'hypothèse de chiure de mouche, j'avais vraiment exagéré dans une ancienne vie. D'où mes premières hypothèses, Hitler, Torquemada, Pascal Sevran etc...

Quand je sortais de ces réflexions désabusées, la reine de la mode de Tbilissi, était déjà repartie vers des horizons meilleurs, et s’était assise sur les bancs de la salle, entreprenant de se rebarbouiller de gloss, tout en ôtant, même pas discrètement ses chaussures, avec l'air de quelqu'un qui arrête de se taper sur la tête avec un marteau, Évidemment des chaussures de drag-queen pour visiter un musée, ça n'était pas l'idéal, mais ce n'était pas la première à confondre boite de nuit et visite culturelle.

 

Au cas où les indices, semés ça et là, ne vous auraient pas conduits à l'illumination concernant la nature de mon métier, et au «bon sang, mais c'est...bien sur!», je vais vous aider.

Je passe mes journées assise, sur une chaise, entourée de beauté, d’œuvres du génie humain, de toutes les époques et des quatre coins du monde ou presque. Dans un endroit magnifique, chargé d'ans et d'histoire . Vous me mettez sous un Titien ou un Rembrandt, et hormis ceux qui cadrent vraiment très mal, il y a peu de chances pour que je me retrouve sur la photo....quoique, il y a toujours des bizarres pour photographier les poubelles, ou le panneau «no flash» à coté d'une œuvre...

Je suis? Je suis? Non, pas dame pipi à l'Opéra...

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3 novembre 2020

La petite fille sur la photo....

    

        Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-etre hier, je ne sais pas au juste. Peu importe, elle n'est plus. Assez cocassement, cette hésitation, sur la date exacte de son trépas, fait que je ne sais pas si elle est morte après minuit et donc, aujourd'hui " Journée mondiale de la Gentillesse" d'après mon calendrier ( quelle idée),elle qui l'a si peu été, ou si c'était avant minuit, hier donc, jour des Morts, elle qui les oubliait si vite, si souvent, à moins qu'elle ne les aient cotoyés de près, chaque jour, perdue dans sa bulle, parmi eux depuis si longtemps déjà. Je ne sais pas vraiment.

    Meme son age...93 ? 95 ?...je ne sais pas. 31 aout 1927, ou 31 aout 1925, j'ai pensé longtemps le savoir. Mais maintenant, je ne sais plus. D'elle, il ne me reste que quelques souvenirs et photos. Celle d'un mariage. Début années 30, les mariés au premier rang. La mariée, un jolie blonde au sourire, ironique, en coin, que je connais déjà, pour

avoir vu ce sourire sur une autre photo, plus ancienne, d'une adolescente, avec le meme sourire ironique. De chaque coté, les parents respectifs,et puis les ancètres, et à gauche, entre les genoux de sa grand-mère, une jolie petite fille, blonde avec un doux sourire, la tète penchée, l'air timide. Diamétralement opposée à sa cousine, sur le coté droit, une petite boulotte à l'air renfrognée, qui le gardera toute sa vie d'ailleurs.

   Cette petite fille timide, c'est ma mère. Elle a un gentil sourire, des yeux bleus porcelaine, que l'on ne voit pas sur ce tirage en noir et blanc. Plus haut, dans les rangs, émergeant de la la foret de tètes souriantes ou gourmées, sévères ou rigolardes, tout en haut, ma grand-mère chérie, et mon grand-père, jamais connu, mais dont l'ADN, est certainement passé directement dans mon organisme, sans passer par celui de ses enfants, de toute évidence.Ils sont heureux, ils sourient à la vie.

  On est au début des années 30. Plus à l'Est, un fou se prépare à deverser un torrent d'horreur et de haine, mais pour le moment, dans le studio du photographe,c'est la joie et l'insouciance. Des femmes aux cheveux crantés, robe de soie, et longs gants, des hommes élégants, et au milieu, famille de la mariée?, du marié?, un type, beau comme Gatsby. Je n'ai jamais su qui était-ce, ma grand-mère ne se souvenait déjà plus.

      Dernière photo, semaine dernière, sur mon smartphone, une très vieille dame aux cheveux blancs, impeccablement coiffée, d'un serre-tète très "Le Vésinet 1986", agitant sa main, telle la Reine d' Angleterre, qui a peu ou prou le meme age. God save them, deux dans la meme semaine, ça serait de la gourmandise....

     Entre les deux, presqu'un siècle, dont il ne reste rien, ou si peu. Des clichés de vacances cannoises dans les années 50. Une reception, les hommes en tuxedo, les femmes souriantes et halées, dans les jardin du consulat de France à Libreville, ou la résidence du gouverneur,je ne sais pas, et elle, seule à etre pale et gantée, déjà d'une autre époque. Une autre photo, fraichement mariée, près de la voiture de mon père, devant le domaine familial, pas encore vendu, en janvier 1961.Elégante, toujours élégante.

  Des souvenirs. De sa vie d'avant. Celle où elle fut certainement heureuse. Des voyages, des vacances, en Corse, en Italie, célibataire et plus que libre, plus que les jeunes femmes "bien élevèes" de son époque et de son milieu, des soirées au Balajo, des amants ( je ne connais rien de pire que d'écouter, sans pouvoir l'arreter, sa mère décrire par le menu sa vie sexuelle dechainée!), puis la rencontre avec mon père ( aussi improbable que la rencontre d'une carpe chinoise et d'un wombat australien, mais où se sont-ils harponnés ?. Ensuite Florence,l'Italie,la Cote d'Azur, je ne saurais jamais si je suis bien la fille de mon père ou du chasseur du Negresco. Mais je ne me fais aucune illusion. Je suis bien la fille de mon père....

     D'autres souvenirs....des robes de soirée époustouflantes, des chaussures girly, à faire palir d'envie les personnages de Sex and the City, des sacs, et de longs gants noirs, en veau velours, de chez Dior, doux comme de la soie, que j'essayais avec envie, et impatience, de pouvoir enfin un jour, les porter, moi aussi....des morceaux épars d'une vie, inconnue de nous, dont elle laissait de temps à autre échapper des bribes, plus ou moins appropriées, d'une vie que je ne pourrais plus connaitre, au-dela des anecdotes sur sa vie sexuelle agitée dont je me serais bien passé, puisqu'elle était morte depuis très longtemps, et à plusieurs reprises; son mariage, premier pas vers la mort, puis nos trois naissances, un peu plus morte à chaque fois, un peu plus dans un autre monde, à chaque fois, un monde de désintéret et d'indifférence à tout ce qui n'étais pas elle. Cette longue, longue vie de mort, a pris fin hier ou cette nuit.

   Il me reste un objet, un médaillon, en or, dans lequel ma grand-mère avait placé deux photos, celle de ma mère,enfant, prise à Dieppe certainement, et celle de mon oncle, en tenue de premier communiant. Il y a maintenant, entremélés, des cheveux de mon fils et de mon mari, reliquaire pour ce que chacune des femmes de la famille avait de plus précieux. Il reste toujours sur ce joli médaillon, deux petites traces, celles des dents de lait de ma mère,qui les  avait certainement faites sur le médaillon pendue au cou de sa mère.

     Deux petites traces, sur un médaillon, c'est la seule trace tangible, de sa présence sur terre, et quelques photos....quand au reste, perdu, vendu, disparu. Ce qui me reste à moi, mon héritage, ce sont 25 kg de douleur et de souffrance, plus de 35 ans d'une vie d'une femme de 53 ans, qui depuis ses 16 ans n'a connu que la maladie, une souffrance quotidienne, la honte d'etre au monde, le sentiment d'etre de trop, tout le temps, d'etre bien embarrassante pour tout le monde, notamment pour cette femme qui vient de mourir.

    Alors merci maman pour la petite soeur, mais c'était pas la peine de me faire ce "cadeau" comme tu l'avais dit, si c'était pour la casser, comme une poupée qu'on a cessé d'aimer. Donc, non, je ne porterai pas le deuil, je ne m'épancherai pas,mais je souhaite un bon courage au diable, puisque, comme elle fut infernale, il y a peu de chance qu'elle aille tailler le bout de gras avec St Pierre. Quoique ...avec le culot qu'elle avait....

1 novembre 2020

La vieille demoiselle...

                   

                  Il était une fois, dans un pays pas fort hyper lointain, au sud de Fontainebleau,mais au nord-ouest de la capitale des ducs de Bourgogne, une ville, célèbre entre autre, pour avoir été la patrie d'un type possédant tout en trois exemplaires, notamment les maisons, et aussi pour son équipe de foot, dirigée par un entraineur rubicond, qui faisait aussi de la pub pour de la flotte en bouteilles, ce qui, pour ceux qui connaissent un peu la région, et l'entraineur, etait un peu ...cocasse. Cette ville, charmante au demeurant, était heureusement aussi connue pour avoir été élue comme lieu de résidence par le célèbre Jacques Amyot, humaniste du XVIéme siècle,  évèque et traducteur de Plutarque. Les amateurs apprécieront à sa juste valeur le télescopage poétique, quoique improbable,entre le latiniste distingué, precepteur des enfants de Henri II, et la trogne enluminée de ce brave entraineur, et se diront que le monde est décidemment une chose bien étrange,surtout si l'on songe qu'il y a de fortes chances que le deuxième soit plus connu que le premier...mais bon, hein, sic transit gloria mundi, toussa quoi..

      Dans cette ville, donc, pas si lointaine, et à une époque, qui, replacée dans la frise chronologique ou s'entremèlent Mézozoique, Quatternaire, Paléolithique etc, n'est pas si lointaine,( et meme que c'était il y a meme pas un micro millionième de seconde), vivait dans ma rue une vieille dame, de celles que l'on appelait à l'époque les "Vieilles filles", avec tout ce que ce terme pouvait comporter de commiseration, de pitié, qui aurait pu se revéler dangereuse si la fille en question avait décidé de vivre sa vie, et d'envoyer valdinguer les toiles d'araignées qui semblaient les entourer. De nos jours, ça n'existe plus. Les statuts sentimentaux, sexuels, sociaux, sont tellement variés, nombreux et entremèlés...célibs, en couple, en trouple, amour libre, ensemble mais c'est compliqué, divorcé, séparé,  asexuel, chaste par devoir ou par hasard, habitué des boites à touzes ( ça doit etre dur pour eux en ces temps troublés) amoureux mais pas ensemble, gays mais triste parfois, gays et gais, LGBTQ et toutes les autres lettres de l'alphabet, pourvu qu'il y ait de l'amour, ou du sexe, ou les deux, ou que la passion pour la traduction des incunables en araméen l'emporte sur toute autre passion, pourvu que l'on s'éclate, c'est super. Mais de vieille fille, point, ni de vieux garçon d'ailleurs.

     Les premières trainaient dans leur sillage, en plus des odeurs d'eau de Cologne, un parfum de tares innavouées, de défaut de fabrication, et de fiancé qui s'était carapaté devant l'autel quand il avait apprit quelque monstruosité au sujet de sa douce promise ( passé sulfureux de la future belle-mère, pensionnaire en son jeune temps d'une "maison", liaison supposée avec le chien-loup de la maison, incapacité à réussir les oeufs mollets, jambe en bois etc...). Pour les seconds, les vieux garçons, il y avait derrière eux, des non-dits, des sourires entendus, et des petites phrases pleines de bile, deversant qu'il paraitrait qu'il n'y avait pas toujours eu que des sous-entendus derrière eux...genre.

      Bref, c'était un peu la honte. Il ou elle, vivait inmanquablement dans un intérieur, dont la déco était inchangée depuis les accords de Yalta, et on n'osait pas les approcher, nous les enfants, rapport aux sombres histoires de cannibalisme dont se seraient

 

rendus coupables ces monstruosités de la nature..Sauf un, que l'on était obligé de fréquenter, et que l'on appelait Cicéron, prof de latin dans notre lycée. Celibataire, donc, il promenait dans les couloirs de notre antique bahut, son air sinistre et sa sacoche marron. Pendant que son frère, que nous nommions César, prof de latin et de français, allait de cours en cours, l'air repu et la mine rejouie et bon enfant. Autant dire que chaque début d'année, était rythmée par la meme question, aux inter-cours " Alors, t'as qui ? César ou Cicéron" Question cruciale, lorsque l'on savait que les cours du second, étaient un long tunnel d'une heure ou deux, à l'entendre parler lugubrement de Plaute, auteur latin comique, je précise, et qui, avec lui, parvenait à etre aussi youplaboum que Gérard de Nerval, quelques minutes avant de se pendre près du Chatelet par une froide nuit d'hiver....alors que son frérot, arrivait à nous faire prendre Andromaque pour une aimable pochade d'etudiants de medecine.....

     D'après la légende, la fiancée de Cicéron l'avait laissé choir, pour filer le parfait amour avec son frère, César, et tandis que celui-ci goutait aux félicités d'un doux foyer, remplis d'ado, qui étaient aussi dans notre lycée, Cicéron, lui , ne s'était jamais marié. Amour déçu, au-delà du dicible, gros gros chagrin, ou ouf de soulagement, on ne saura jamais, mais toujours est-il que les réunions de famille devaient etre ...particulières! Bref, pour lui, on ne savait pas, et puis, c'étaient des histoires d'adultes.

  Dans mon quartier, il existait une de ces créatures étranges, une de ces vieilles filles. De fille à folle, il n'y avait qu'une lettre de différence en ces temps là, et l'on avait tot fait de remplacer l'une par l'autre. Elle habitait une des vieilles propriétés de notre rue, où les maisons étaient souvent cachées des yeux indiscrets par de hauts murs, et un portail de bois, plus ou moins abimé, où nous passions un oeil curieux quand nous trouvions le courage d'affronter cet endroit et son aura "maléfique". De cette propriété, ne dépassait qu'un immense sapin, qui nous servait de phare, de balise, tant il était haut et touffu. Il y avait aussi un coq, insomniaque, mais ça ne génait personne.

     Cette vieille demoiselle, sortait tous les jours, à heure fixe, pour aller dieu sait où, flanquée de deux grands sacs Prisunic, remplis de dieu sait quoi. Toujours coiffée d'un turban, sorti tout droit d'un film avec Arletty. Elle se nommait Mademoiselle Gressien. Sur elle, les bruits les plus divers couraient, sans que l'on ait jamais pu les confirmer ou les infirmer. Elle était d'une pauvreté absolue, elle était riche. Elle était dans le plus affreux des dénuements, elle était richissime. Son fiancé était mort à la guerre de 14, ce qui lui aurait fait à l'époque plus de 80 ans, or elle était certainement bien bien moins agée....bref tout et son contraire. Il y avait aussi pleins d'histoires sur l'endroit où elle vivait; reliquat du domaine familial, de la fortune parentale peut-étre, ou infame masure remplie d'immondices avec les poules qui couraient dans la maison. Avait-elle meme perdu un fiancé dans une guerre quelconque d'ailleurs ?

       Elle s'habillait au Secours Catholique. Une voisine, ayant un jour suggéré à ma chère mère de donner quelques robes de soirée dont elle n'avait plus l'usage, celle_ci s'était charitablement ecrié " Ah ça, non! pour les retrouver sur le dos de cette vieille folle!"C'est dire l'atmosphère de franche solidarité qui régnait parfois dans nos belles provinces, et dans le coeur de certaines épouses de notables, qui aurait préféré souffrir mille morts, plutot que de voir leurs brocards et leurs petites robes noires sur ces épaules décharnées, quoique peut-etre aussi patriciennes que les leurs, mais on n'est jamais trop prudente...

   Ainsi allait la vie de celle qui était plus une ombre qu'une personne, plus que seule, puisque ceux avec lesquels elle aurait pu évoquer certains souvenirs, n'étaient plus, ou n'avaient été que le temps de laisser quelques regrets, et des souvenirs à la pelle, s'agitant dans sa tete, et la faisant parler toute seule; sait-on jamais à qui parlent ceux qui parlent tout seul?

  Elle aparaissait et disparaissait, pour s'engouffrer ensuite dans ce qui, pour nous autres, enfants, était à mi-chemin entre le chateau de la Belle au bois dormant, l'antre maléfique d'une sorcière aux mystérieux pouvoirs, et un territoire tabou, fascinant mais dangereux.

      Aujourd'hui, j'ai dépassé l'age de ma mère à l'époque où cette femme vivait, et passait à petits pas dans notre quotidien. Nous ne demandions rien à nos parents, leurs vie, pensées, idées étaient si éloignées des notres, nous attendions simplement que cet état d'enfance s'achevat pour que notre vraie vie commence, et que le monde des adultes nous soit enfin ouvert, pour que certaines questions trouvent des réponses, ou non. Nos vies respectives, passées pourtant sous le meme toit, étaient tellement éloignées qu'elles en étaient presque étrangères les unes aux autres, alors poser des questions sur des choses comme la solitude, et sur l'avant-gout de la mort qu'elle peut etre lorsqu'elle est subie, ne faisait pas partie de choses que nous pouvions envisager.

     Je me suis toujours demandé ce qu'il était advenu de cette vieille demoiselle, témoin d'un temps plus que révolu, d'une époque où une femme sans homme ni bague à l'annulaire gauche etait un erreur, une anomalie, et souvent un objet de risée ou de curiosité.

   Aujourd'hui, on dit célib, on pense Sex and the City, au pire on s'attendrit et on rit des mésaventures de Bridget Jones, qui compense le manque de testostérone dans sa vie par de grandes lampées de Chardonnay, ce qui, au vu des palanquées de gros nases,parfois, sont préférables....mais pas trop longtemps quand meme, le pochtronisme meme mondain, n'étant pas l'idéal pour trouver le prince ou la pricesse charmant(e), qui n'éxiste pas , d'ailleurs, mais je vais pas spoiler le truc ( pardon: divulgacher) ...

     Le célibat, c'est le plus souvent un choix, assumé, ou regretté, mais ce n'est plus une marque au fer rouge. Alors pourquoi, me direz-vous, vous parler de cette vieille demoiselle, morte depuis longtemps certainement ?

     A cause du confinement épisode deux. Qui va faire vivre pendant un mois ou plus, ce qui fut le quotidien de toute une vie, ou presque. Pour une femme seule, confinée, jour et nuit dans le pire endroit du monde: sa tete, avec les souvenirs qui allaient dedans, bons ou mauvais, avec ses chagrins, ses peines, le souvenir de joies passées, ce qui est parfois pire, sans personne à qui parler ou si peu... Je pense qu'il était temps que je lui rende hommage, que je cite son nom pour réactiver son souvenir, et peut-etre son ame, comme les egyptiens anciens qui faisaient "revivre" les défunts dans l'au-delà, en prononcant leur nom, lorsqu'ils passaient devant leur chapelle cultuelle. Je voulais m'excuser, aussi, et qu'elle sache, si jamais elle m'entends ( je suis athée certes, mais aussi totalement irrationnelle), qu'elle sache donc, que jamais, jamais je ne serai comme ma mère. Je ne sais pas si cela sera un soulagement pour Mademoiselle Gressien, mais pour moi, en tous cas, oui.  

 

29 octobre 2020

J'en étais où moi? Ah oui, la touche V est

  J'en étais où moi? Ah oui, la touche V est mourrue,donc faut appuyer comme une malade dessus, j'ai pas le correcteur orthographique, et maintenant j'ai 58 ans révolus. Autant dire que non seulement les quelques masos qui lisent ces lignes vont avoir droit à quelques néologismes ( sans lettre V, la vie est plus floue), on va enfin s'apercevoir que j'écris comme Voltaire, non pas tant du point de vue du style, que du point de ue de l'orthographe et de la grammaire, erratiques, mais aussi que, qui dit age avancé, dit déreglement de la chaudière interne de nous autres pauvres femmes, et que c'est donc pour ça que je vais éviter d'activer une webcam quelconque. Parce que la Maaaturité, comme ils disent dans les magazine pour jeunes "séniors", avec inévitablement en couverture, une jolie "sexygénaire" comme ils nous nomment ( j'ai envie de me suicider en avalant une boite entière de cragées Fuca), la Maturité, ce joli mot qui évoque, le soleil qui se couche sur les vignes pourpres du Médoc, les vendanges tardives, pleines de douceur( et de sucre), les forets aux  tons chauds et flamboyants, bref ce chant du cygne de la Nature et de la femme, oui parce qu'à la cinquantaine, en revanche, les hommes, vous étes au maximum de votre sexytude, y a pas de justice, bref, la Maturité en fait, en langage de tous les jours, c'est cette ménopause de mer..., . Et puis je vois pas pourquoi il y a le terme pause dedans, puisque normalement, quand on fait une pause, c'est une pause, on repart après. Là, ça ne repart pas. Ou alors c'est qu'on est allée trainer un peu trop souvent, se baigner dans la grotte miraculeuse à Lourdes.

     La vie d'une ménopausée, on va dire que c'est un peu comme celle d'un bébé. Toutes les  trois, quatre heures, faut qu'on prenne quelque chose de reconfortant et de sucré (mais pas du lait...). Tout d'un coup, on a hyper chaud, et on se desape plus vite que son ombre, perso j'enlève mes chaussettes au meme rythme que mon fils quand il avait trois ans, et on se réveille plusieurs fois dans la nuit, de très très mauvaise humeur...ah et puis sur les coups de 18h, 18h30, environ, souvent on pleure, comme ça, mais ça finit toujours par se calmer.

   Si je vous raconte ça, cette différence entre mon matin d'anniversaire de reve, et le réel, c'est qu'il y a quelques temps, mue par un fort désir masochiste, je m'étais abonnée, pauvre niaise, au compte Instagram d'une "influenceuse", spécialiste de l'expertise dans l'univers du luxe, pour reconnaitre les contrefaçons. Au vu de sa garde robe et de sa collection de sac Hermès, c'est sur, elle pouvait avoir une certaine expertise! Mais c'est un vrai job je pense, et c'est une industrie qui brasse des milliards. Alors, passe de la voir déballer d'un air gourmand ses derniers achats, ou envois, des marques pour lesquelles elle exerce son expertise, découvrir son dernier sac Kelly en cuir d'autruche turquoise (les multiples zéros sur une etiquette ne mettent pas à l'abri des gouts de chiottes) de la voir s'extasier sur les sandales iconiques Hermès, sur lesquelles je louchait un peu jusqu'à ce que je m'apercoive qu'on fabrique les memes au bled, et qu'elles sont en vente sur tous les marchés...Passe...c'est son truc, et ça fait réver les autres instagrameuses. Bizarrement, à la toisième vidéo où elle  expliquait comment nettoyer le bas un peu taché d'un sac Vuitton, ben, ça commencait à me gonfler. Mais là, cet été, aprés le confinement, donc vers mai, juin, quand quelques frontières ont rouvert, d'où envoie-t-elle des photos, toujours méga sapée de la mort qui tue, alors que moi, en vacances, c'est deux paréos , une robe tee-shirt portée dans l'avion et deux maillots de bain?( non parce que cette fois là, j'avais tout simplement oublié de mettre mes fringues dans la valise, et revenir de Turquie, pour récupérer mes affaires, bof), donc où etait-elle cette morue, euh, influenceuse ? A Santorin....et là, ben non c'était plus possible, le temps de comprendre comment on se désabonnait de ce fichu machin, régulièrement, j'avais" moi,devant le plus beau coucher de soleil de la terre, smiley,smiley,smiley" en plus elle génait, elle posait juste devant un magnifique coucher de soleil effectivement. Ou alors la photo d'un plateau debordant d'argenterie et de mets succulents ( toujours ce fameux régime crétois à deux vitesses, mais le plus lourd et calorique étant le plus "instagramable"), le pire ayant été atteint avec un photo d'elle de dos, dans un sorte de couloir de piscine, dans sa suite sans doute, débouchant sur la piscine à débordement éoquée plus haut, débouchant sur l'azur immarmescible du ciel et de la mer Egéens...Assorti du fameux commentaire sur les prix vraiment très raisonnables....après avoir envisagé de mettre un contrat sur sa tete pour qu'elle arrète une bonne fois pour toute d'exposer sa vie de rève un peu partout, lui avoir souhaitée de developper une acnée conglobata ( c'est trés trés moche, mais ça se soigne), ou d'avaler une moussaka pas fraiche,  bref après avoir vrillé un peu, je me suis dit:

     De toute façon, que ce soit le rève ou la réalité, mon mari et mon fils seraient encore en train de roupiller, boulotteraient le petit déj à toute allure, se baigneraient mollement, admireraient le coucher de soleil, et je suis sure qu'à un moment, l'un des deux dirait, pensif:" j'irais bien faire un peu d'escalade, et boire une mousse à BO", et que l'autre se demanderait si ses potes ne l'ont pas completement doublés sur Roblox. Et ça m'enerverait, je le sais, ils m'ont fait le coup en Crète, ces affreux!....donc bon Santorin, ça sera pour plus tard,enfin si l'ile ne disparait pas comme elle est apparue, elle, ses maisons blanches, ses coupoles bleues Klein, ses ruelles fleuries, ses piscines à débordement, avec ses influenceuses en meme temps. Il reste toujours les pique-niques à Salengro, qui sont quand meme, dans mon hit parade de trucs les plus

hyper chouettes, et bath. Oui, bath, j'ai 58 ans je rapelle. Nooon! j'ai encore fait une fausse manip...et merdum....vous comprenez le nom de l'adresse, maintenant? D'ailleurs, ya quelqu'un qui lit ces trucs, je suis meme pas sure...

27 octobre 2020

Je hais les influenceuses qui se prélassent à Santorin...

 

     Bon, j'en étais où moi...ah oui, mon réveil sur mes 58 années de n'importe quoi total, et le fait que c'est quand meme maintenant que je commence à y voir plus clair...

    J'ai donc inauguré cette journée par une heure de yoga Sananalapamisala ( yoga assez rare enseigné uniquement à New-York dans le studio privé de Gwyneth Paltrow) et ensuite une heure de méditation transcendentale, transversalement ( sur mon lit en travers)....non, je déconne,je suis aller pisser, je suis pas Jane Fonda.

      Si, ce matin je m'étais réveillée à Santorin, en été, je me serais coulée avec grace hors de ma couche nuptiale, comme on dit dans l'Odyssée, vétue d'une chemise légère en lin tissé, cachant à peine ma nudité triompnante de femme mature, mais néanmoins sportive et adepte des protéines maigres et du fitness à tous les étages.

     Puis je serais montée sur la terrasse, blanchie à la chaux, avec au-dessus de moi l'étendue céruléenne de l'azur, le turquoise foncé de la mer Egée dessous, et les ruelles descendants vers le rivage, avec d'adorables maisonnettes blanches, et des églises avec leurs coupoles peintes de ce bleu Klein si apaisant. J'aurais presque eu envie de me pincer pour me prouver que je ne révait pas, mais je ne l'aurais pas fait parce que je marque pour un rien, et j'aurais pas eu envie d'etre défigurée du bras, merci bien, au prix du tube de crème solaire Dior, faut pas pousser .

    Le vent du large aurait fait voler ma chemise et fait s'emméler mon brushing parfait, et je me serais félicitée de ne pas encore avoir mis de gloss, parce que j'ai horreur d'aoir les cheveux qui collent aux levres à cause du vent et du gloss.

Alors je serais rentrée dans la chambre, regarder d'un air attendri mon mari, qui aurait accepté de m'accompagner à la condition d'avoir une connexion internet correcte, ce qui aurait été évident, vu le standing de l'endroit où nous serions descendus, on ne serait quand meme pas aller crécher chez l'habitant, y a des limites. Puis je  me serais dirigée vers la piscine à débordement de notre suite, pour faire quelques brasses, avant de me sustenter des quelques figues fraiches juteuses à souhait et d'un peu de fromage frais. Faut bien se restreindre sur la bouffe si l'on veut pouvoir rentrer dans les maillots taille triple zéro de chez Erès à 500 boules minimum. Alors les crèpes dodues , moelleuses, recouvertes de miel, et saupoudrées de sucre.....je pense sincèrement qu'il doit y avoir DEUX régimes crétois. Celui avec essentiellement des légumes,du poisson, des céréales et quelques fruits, avec trois gouttes d'huile d'olive vierge première pression, et l'autre. Celui où tout est frit et refrit dans l'huile, meme les gateaux et recouvert de miel.....clairement on nous sur-vent le premier..

    Ca c'est le réveil de mes rèves. En fait je vais m'extirper de mon lit, avec la couette qui a migré, loin de mes pieds ( elle devient vivante la nuit, je vois que ça, sinon, comment se retrouverait-elle toujours loin du lit hein ?). J'ouvre les rideaux, je regarde, il fait moche, et sur ce constat amer mais désabusé, on est fin octobre, je me lève. Le chauffage réglementaire étant à 19 degrés (ressenti: eniron moins 3) j'enfile un legging en polaire,en plus du damart que je porte en pyjama, des chaussettes, des chaussons en moumoutte, et je m'enroule dans ma couverture en polaire. Je regrette d'aoir jeté ma vieille veste d'intérieur avec une capuche, ça m'aurait couvert la tete aussi...et je sors. Je rencontre un ours polaire, avec un pauvre tee-shirt et un vague caleçon...ah non, c'est Ange, avec son sale sang chaud de sale jeune. Je rejette un coups d'oeil dehors, au cas fort improbable où le temps aurait retrouvé une douceur printannière et un ciel bleu....ben non,fait toujours moche. Le ciel est gris..gris  au-dessus des batiments blanc cassé, et à ma droite les voisins ont commencé à se parler très fort d'une pièce à une autre pour ne pas avoir à se déplacer.

    Je soupire et je n'ouvre pas la porte pour aller sur la terrasse repeinte (mal) par mes soins cet été, je veux bien m'aérer mais pas au point d'attraper une pneumonie. Je me prépare mon gruau d'avoine chaud, et procède à mes ablutions dans ma douche à debordement, surtout quand je tire pas bien le rideau, avant de me réemmitouffler dans la couverture en polaire....la prochaine qui me dit d'un air extatique qu'elle est du matin, je l'étrangle av

ec la bouillotte remplie de noyaux de cerise, à passer au micro-onde....à suivre ; merde j'ai encore fait une fausse manip.....en plus je crois que la touche du v de ma bécane est en train de me lacher, et j'ai pas trouvé le correcteur orthographique, alors désolée...

 

 

 

 

6 octobre 2020

Nom de Zeus, j'ai réusssi!!! je viens de le dire

         Nom de Zeus, j'ai réusssi!!! je viens de le dire à mon ado! il en a rien à battre, il m'a dit "c'est bien maman", et il est retourner se coucher...il n'a pas conscience, innocent qu'il est, que pour moi, c'est l'équivalent de la découverte de l'Amerique par Colomb !( bon sauf que lui a surtout découvert St Domingue, si je me souviens bien, et que personne ne risque de choper la petite vérole à me lire). Bon j'hésite à reveilller ma soeur, ma meilleure amie, mon ami d'enfance, et à faire passer une pleine page dans Libé, mais quand meme...maintenant, il ne me reste plus qu'à trouver comment insérer des photos, trouver le correcteur d'orthographe, et comprendre réellement comment fonctionne ce bouzin, mais sinon, "chuis trop contente chuis trop contente" (avec la voix de Mozinor dans Star wars déconne). Bon sur ce, je vais me coucher, toutes ses émotions, ça m'épuise...

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